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Épandage des digestats BioQuercy : Un double intérêt agronomique et économique

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L’unité de méthanisation BioQuercy, implantée à côté de la Quercynoise à Gramat, produit du biogaz et des digestats qui sont des fertilisants organo-minéraux hygiénisés que les agriculteurs utilisent sur leurs terres. Sur le plan agronomique, ils remplacent avantageusement les engrais minéraux pour les cultures tout en permettant des économies car le coût de l’unité d’azote revient 30 % moins cher, et de surcroît libère du temps, le travail pouvant être assuré par une entreprise prestataire.

Qu’est ce que le digestat ?

Le méthaniseur est une vaste chambre étanche où les matières organiques fermentent en atmosphère sans oxygène, produisant du gaz méthane qui peut être utilisé pour faire tourner un générateur électrique ou chauffer des installations. Une fois le gaz extrait, il reste le digestat, une matière liquide qui a une valeur agronomique intéressante par kilo de digestat : 35 gr de matière sèche, 7 à 8 unités d’azote dont 5,5 ammoniacal, 2 unités de potasse et 1,2 unités de phosphore. Il contient également différents oligoéléments. Il présente en outre l’avantage d’être totalement hygiénisé (une heure à 70 ° C) et très contrôlé sur les résidus indésirables comme les métaux lourds ou la microbiologie. C’est donc un produit stable qui peut servir d’engrais adapté aux prairies et aux céréales.


Des matières méthanisées très contrôlées

Les matières organiques introduites dans le méthaniseur subissent un contrôle extrêmement strict afin d’éviter tout risque de pollution des sols. Elles sont constituées pour moitié de déchets agricoles (lisiers, déchets d’abattoir, de céréales, de fruits et légumes…) et pour l’autre moitié issues d’industries agroalimentaires  (principalement des abattoirs de La Quercynoise et des Ets Destrel). Tous ces gisements sont hygiénisés par une montée en température à 70 ° C pendant une heure, et analysés régulièrement pour contrôler leur composition. Il faut souligner qu’il n’y a pas de boues urbaines, ni d’ordures ménagères, ni de sous produits animaux hormis les lisiers et des matières stercocaires. Les deux tiers proviennent du Lot et le reste des départements limitrophes dans un rayon moyen de 30 km, limitant donc les transports d’approvisionnement.

Deux schémas de valorisation

Bioquercy produit 45000 m³ de digestat brut par an qui sont valorisés selon deux voies possibles :

  • l’épandage rendu racine pour 25000 m³ : 32 agriculteurs utilisent cette formule,
  • l’échange lisier contre digestat pratiqué par 22 éleveurs de la Quercynoise pour un volume total de 20 000 m³.

Ces épandages font l’objet d’études précises du parcellaire potentiel. Le bureau d’étude veille à écarter tous les sols à risque comme les zones de captage des eaux, les parcelles présentant des droits d’utilité publique… Une fois la cartographie du parcellaire potentiel définie, la Capel fait réaliser une étude complète de l’exploitation, parcelle par parcelle, pour aboutir au plan prévisionnel d’épandage avec le bilan de fumure adapté à chaque culture. Celui-ci est expertisé par la Chambre d’Agriculture.

Des épandages très raisonnés

Les épandages sont essentiellement réalisés au printemps sur les mois de février, mars et avril, et à l’automne en octobre, toujours en dehors des périodes de pluies, de gel ou de neige. Chacun fait l’objet d’un compte rendu détaillé mentionnant la surface, la culture, les conditions météo, la dose épandue. Ils sont donc très contrôlés et bénéficient d’une traçabilité totale. Le point le plus important est bien entendu la dose épandue à l’hectare. Le plan d’épandage fixe un plafond de 30 m³/ha à ne pas dépasser afin de prévenir les risques d’infiltration dans le sous-sol. En pratique, la Capel a souhaité rester bien en deçà avec des doses moyennes épandues de 17 m³/ha.
L’épandage rendu racine est réalisé par deux entreprises disposant de pendillards, ce qui libère l’agriculteur de cette tâche. Par contre, les éleveurs de canards qui pratiquent l’échange lisier contre digestat l’assurent eux-mêmes.
Gain économique
Compte tenu de la valeur agronomique du digestat, notamment en azote, on peut calculer l’impact économique de son utilisation. L’unité d’azote amenée par le digestat revient à 65 centimes quand l’unité d’azote chimique revient à 90 centimes. Ainsi, pour une fumure azotée de 120 unités/ha sur céréale, le remplacement de l’engrais chimique par le digestat génère une économie de 30 € par hectare. De plus, le digestat présente d’autres avantages non négligeables. Au niveau agronomique, l’apport conjoint de phosphore, de potasse, d’oligoéléments et de matière organique pour l’humus du sol. Au niveau environnemental, un bien meilleur bilan carbone que les engrais chimiques obtenus à grands renforts d’énergie carbonée pour parvenir à les synthétiser, et nécessitant des centaines de kilomètres par camion pour les acheminer depuis les usines. Le digestat étant hygiénisé, il dégage bien moins d’odeurs lors de son épandage, et limite surtout les risques de propagation du virus de la grippe aviaire. Enfin, les agriculteurs utilisateurs en rendu racine s'évitent des passages de tracteur pour l'épandage.

Témoignages

  • Julien Roumieux (Fontanes) 

« J’économise 50 tonnes d’ammonitrate par an »
Installé sur le GAEC familial avec ses parents et son frère, Julien Roumieux est sur une exploitation de causse avec 700 brebis. Il s’est diversifié en montant un atelier de gavage de canards pour la Quercynoise:
« Je pratique l’échange lisier contre digestat. Le camion de BioQuercy vient chercher mon lisier et m’amène du digestat que je stocke dans une poche étanche de 750 m³. Elle est posée dans une lagune étanche afin d’éviter tout problème de diffusion dans l’environnement en cas de fuite. J’épands ce digestat avec ma tonne d’abord en octobre, avant le semis direct de mes céréales ou des prairies temporaires, puis en fin d’hiver sur ces mêmes céréales et prairies, à la place de l’ammonitrate. Il le remplace avantageusement car il a le même effet starter mais amène en plus du soufre, du phosphore et pleins d’oligoéléments. C’est un vrai progrès car avant, j’épandais le lisier brut avec ses virus, ses mauvaises odeurs, et l’attraction des sangliers, tandis que ce digestat est hygiénisé et ne sent presque plus. Pour moi qui travaille en semis direct, il est important de pouvoir utiliser un produit hygiénisé que je n’ai pas besoin d’enfouir. Je fais attention de l’épandre en conditions optimales quand il ne pleut pas et qu’il ne gèle pas. Je réalise chaque année un plan prévisionnel de fumure avec les parcelles concernées, les cultures et les épandages. C’est donc une pratique très encadrée et surveillée, ce qui est sécurisant... »

  • Alexis Carbonnel (Durbans) 

« Un échange lisier contre digestat très pratique »
Alexis Carbonnel est installé sur une exploitation ovine et il a monté un atelier de gavage avec la Quercynoise. Il cultive 30 ha de céréales et 75 ha de prairies temporaires :
« Auparavant, j’épandais le lisier des canards avec ses inconvénients, la forte odeur, les restes de plume, les risques de dissémination des virus. Maintenant, j’utilise le digestat de Bioquercy. Tous les dix jours, le camion vient chercher mon lisier et m’amène en même temps sa cargaison de digestat que je stocke dans une lagune construite à cet effet, soit 28 à 30 m³ par voyage.
Je l’épands avec le pandillard de la CUMA de Durbans, à l’automne juste avant la préparation des terres pour les semis de céréales, puis en fin d’hiver et au printemps sur les prairies, les ray-grass. Ce digestat présente de nombreux avantages. D’abord, il n’y a presque plus d’odeurs, ensuite il ne brûle pas les plantes et on ne retrouve pas les plumes dans le foin. Son épandage est également plus facile car le produit est homogénéisé et le pandillard le passe très facilement. Sur le plan sanitaire, il est hygiénisé et donc dépourvu de virus, ce qui est vital pour mon élevage.
Enfin, il remplace parfaitement l’engrais chimique et me revient nettement moins cher, d’où un nouvel intérêt au niveau économique. Franchement, c’est un produit super et je ne reviendrai pas en arrière... »

  • Pascal ANGELIBERT (Le Bastit) 

« Très satisfait du digestat et du service »
Installé au cœur du causse sur une exploitation ovine, Pascal Angelibert élève 600 brebis et cultive 140 ha, principalement de prairies et de céréales (orge, avoine, pois, méteils). Il tente d’augmenter au maximum son autonomie alimentaire afin d’acheter le minimum de concentré pour son troupeau :
« J’utilise ce digestat depuis deux ans en rendu racine. L’entreprise réalise directement les épandages sur mes parcelles, ce qui me libère du temps et est très appréciable. Je le valorise sur mes céréales avec un épandage d’automne, juste avant de labourer puis de semer, ce qui me permet de l’enfouir et d’éviter les éventuelles mauvaises odeurs. Puis un second épandage en février au moment de la reprise de végétation. Ce digestat remplace totalement l’azote chimique que je mettais auparavant. Il a le même effet booster, et apporte en plus une fumure complète bien valorisée par les cultures.
Au niveau des prairies, je l’utilise sur les fétuques et les ray-grass avec un épandage d’automne et un autre au printemps. Le résultat est également excellent avec une pousse qui se constate immédiatement.
Je suis donc très satisfait du produit, d’autant plus qu’il me revient moins cher que l’engrais chimique et sans la charge de l’épandage. Que demander de plus ?... »

 

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