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Vins des côtes du Lot, un avenir en rose ?

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Les rosés ont le vent en poupe et tous les indicateurs sont au vert pour ce segment de production promis à un avenir certain. C’est la conclusion principale du voyage d’étude organisé en mai sur la filière rosés de Provence par la Chambre d’Agriculture et le syndicat des côtes du Lot. Il entend donc lancer une réflexion sur le développement des rosés du Lot.

Actuellement en Provence, principal bassin de production de rosé en France, les chiffres donnent le vertige : le cours du vrac se situe entre 350 et 400 euros/hl etle foncier viticole a grimpé jusqu’à 100 000 euros/ha alors qu'il était seulement à 20 000 euros/ha au début des années 2000 ! Ne cherchez pas, peu de parcelles sont à vendre… Quant aux exportations des rosés de Provence, elles augmentent en moyenne chaque année de 30 % en volume et 40 % en valeur… En 2008, ce vignoble exportait 59 108 hl pour 20 millions d'euros. En 2017, cela représente 382 441 hl et 226 millions d'euros.

Et le phénomène n'est pas seulement Provençal, car on constate une augmentation de 30 % de la consommation mondiale de rosé, et une part de marché sur la Grande Distribution Française qui est passée de 10 % en 1990 à 32% aujourd'hui.

On peut rajouter que le rosé est le vin préféré des millénials, génération la plus nombreuse de la planète, et que la France reste le leader à la fois pour la production et pour la consommation.

Voilà ce qu'ont entendu les vignerons du Lot qui ont participé au voyage d'étude. Un déplacement articulé autour d'une visite d'exploitation, du Centre Technique du Rosé et du Conseil Interprofessionnel des vins de Provence.

ROSE PALE OU ROSE COLORE ?

Le Centre Technique du Rosé analyse chaque année l'Intensité Colorante d'une oenothèque de 1200 échantillons en provenance de 25 pays. La réponse est sans appel : l'Intensité Colorante mondiale des rosés est en chute libre.

Elle est passée de 0,80 en 2004 à 0,33 en 2016. Pour la Provence, pionnière et motrice en matière de rosés pâles, celle ci était déjà à 0,41 en 2004. En 2016, elle est tombée à 0,17, soit des rosés a peine teintés, quasiment gris, parfois méconnaissables avec du blanc. Victime de son succès, ce vignoble affiche un prix moyen à la bouteille devenu difficilement accessible pour le consommateur moyen. Trouver dans les linéaires une bouteille de rosé de Provence en dessous de 10 euros devient impossible.

Face à ce constat, d'autres vignobles empruntent le même sillon, cèdent à la tentation de la copie et dupliquent le profil produit provençal, en occupant les secteurs d'entrée et de milieu de gamme.

A l'inverse, dans le Sud Ouest nous avons une tradition de rosés colorés. Ainsi le concours « Les Rosés au Féminin » organisé ce printemps par le Syndicat des vins IGP Côtes du Lot, a donné lieu à une expérience éclairante. Trois échantillons ont été dégustés et notés à l'aveugle par la centaine de dégustatrices présentes. Ils avaient été préparés ainsi : T1 : assemblage de rosés pâles IGP Côtes du Lot, T2 : T1 teinté avec 3% de rouge et T3 : Un rosé du Sud Est de la France, très pâle. Le résultat de l'appréciation visuelle fut sans équivoque : plus la robe est foncée, plus l'appréciation est bonne. La couleur du rosé T2, le plus foncé, a été jugé globalement «bonne», celle du T1 «moyenne à bonne» et celle du T3, le plus pâle des échantillons, « insuffisante à moyenne»

Dans le Sud Ouest, les rosés colorés semblent donc très appréciés par une clientèle locale, à l'image de la centaine de dégustatrices Lotoises qui composait le jury du concours. Pourtant ce profil de rosé se situe diamétralement à l'opposé de la tendance du marché mondial.

Serait il mieux valorisé par le négoce s’il était plus pâle ?

Rencontrerait-il le même succès s’il était dégusté en dehors du Sud Ouest ?L'expérience serait à tenter.

TROISIÈME VOIE POSSIBLE ?

Au vu de ces résultats, n'y aurait il pas pour les rosés du Lot une troisième voie possible, basée sur l'émergence d'un « Rosé de Terroir », non pas pâle ou clairet, mais avec une teinte « framboise » qui lui est propre, souvent qualifiée par les metteurs en marché de « flashie » ou « pink ». Le Malbec permettant d'obtenir cette teinte est un énorme avantage. Une teinte caractéristique et un cépage identitaire pourraient constituer les bases d'une stratégie d'élaboration de ces « rosés de terroir ». Pour réaliser ce travail à la fois technique et marketing, le Syndicat IGP Côtes du Lot travaille actuellement au contretypage d'un nuancier des rosés du Lot. Il a décidé de procéder à l'analyse systématique de l'Intensité Colorante de tous les rosés présentés en contrôle produit, à titre indicatif. Cela permettra de caractériser et de se situer vis à vis de l'Intensité Colorante moyenne des rosés produits sur le département.

Vins des côtes du Lot - un avenir en rose ?

Parallèlement, les négociants seront prochainement rencontrés afin de définir avec eux la place que pourrait trouver ce profil produit sur le marché. Ce qui pourrait amener viticulteurs et négociants à contractualiser en amont, avant vendanges, selon un cahier des charges précis répondant à l'élaboration de ce type de rosé.

 

David Girard (président du syndicat des vins des côtes du Lot)

« Ce voyage d’étude nous a confirmé l’énorme potentiel des vins rosés. Notre vignoble lotois doit y prendre part avec une stratégie à moyen terme sur cinq ans. Je pense qu’on doit laisser de coté les rosés de masse pour aller plutôt sur des rosés de terroir assez typés. Nous en avons les moyens avec notre IGP et nos cépages locaux. Le syndicat va travailler ce projet en définissant le produit, sa couleur, ses caractéristiques, ses tarifs… Au niveau commercial, nous devons mettre tous les acteurs autour de la table pour élaborer une stratégie commune pérenne basée sur la contractualisation ou d’autres systèmes sécurisant les producteurs. A nous de jouer... »